Soutenance de thèse Abigail Pickard – Lundi 25 octobre 2021 à 14h30 – Institut Paul Bocuse – Château du Vivier – Ecully – Salle Laboratoire des Services

Le développement des connaissances conceptuelles sur les aliments et leurs liens avec les tendances au rejet des aliments chez les jeunes enfants (3-7 ans)

Composition du Jury :

Pr Jean-Pierre THIBAUT, Directeur de thèse, Université Bourgogne Franche-Comté
CR Jérémie LAFRAIRE Co-encadrant de thèse, Institut Paul Bocuse
Pr Carmel HOUSTON-PRICE, Rapporteur, University of Reading
Pr Susan GELMAN, Rapporteur, University of Michigan
A. Pr Dominique VALENTIN, Examinatrice, Université de Bourgogne Franche-Comté (Dijon) – Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation
Pr florence LABRELL, Examinatrice, Institut national supérieur formation et recherche – handicap et enseignements adaptés

 Résumé

Une variété alimentaire insuffisante chez les enfants augmente la prévalence des carences nutritionnelles et des problèmes de santé dans de nombreux pays développés (DeCosta et al. 2017). Les mécanismes cognitifs, tels que la catégorisation et les connaissances conceptuelles, jouent un rôle important dans la compréhension et l’acceptation ou le rejet approprié des aliments. L’alimentation se prête à de nombreuses représentations, telles que les groupes taxonomiques (ex. l’agneau est de la viande), les associations thématiques (ex. l’agneau se mange dans une assiette) ou les concepts de scénario (ex. l’agneau se mange au dîner). Ces connaissances permettent une reconnaissance précise, une compréhension et une interaction appropriée lorsque l’enfant est confronté à des aliments dans un contexte particulier. Si les connaissances conceptuelles sont sous-développées, la possibilité de comprendre les stimuli et les situations est réduite. Lorsqu’un enfant est confronté à l’incertitude dans le domaine alimentaire, il est dès lors plus susceptible de rejeter une substance, qu’elle soit comestible ou non. Ce rejet inapproprié est fréquemment observé chez les jeunes enfants, dont le niveau de connaissances conceptuelles dans le domaine alimentaire est encore insuffisant. Des études antérieures ont montré que les rejets des aliments (néophobie alimentaire et sélectivité alimentaire) sont associés à une connaissance insuffisante des catégories taxonomiques dans le domaine alimentaire (ex. fruits ou légumes). Cependant, les jeunes enfants ont accès à d’autres formes de connaissances conceptuelles pour les aider à interpréter les situations et les objets, comme les catégories de scénario (ex. les aliments du petit déjeuner) ou les associations thématiques (ex. la soupe et la cuillère). L’objectif principal de ma recherche, qui a débuté en octobre 2018, était d’approfondir les résultats antérieurs en déterminant si les rejets alimentaires sont liés à l’immaturité de structures de connaissance spécifiques (catégories de scénario et thématiques), ou à des connaissances insuffisantes du monde des aliments. La première étape de la recherche a nécessité la détermination de l’âge auquel les enfants acquièrent certains types de connaissances et de catégories dans le domaine alimentaire. La deuxième étape consistait à déterminer comment la disposition à rejeter des aliments influence cette acquisition de connaissances. Quatre études empiriques ont été menées au cours des trois dernières années auprès d’enfants âgés de 3 à 7 ans. Les résultats obtenus ont montré que les jeunes enfants maîtrisent d’abord les concepts fonctionnels et les relations alimentaires thématiques (par exemple, la soupe et la cuillère), puis les scénarios alimentaires (par exemple, les aliments associés avec le petit-déjeuner). Cela indique que les enfants de 3 et 4 ans peuvent déjà s’appuyer sur les associations thématiques dans les situations alimentaires, tandis que les enfants plus âgés peuvent orienter leurs choix en fonction de scenarios alimentaires normatifs. Comme pour les connaissances taxonomiques, les enfants ayant une connaissance conceptuelle plus faible des relations basées sur les scénarios alimentaires et des relations basées sur les associations thématiques dans le domaine alimentaire présentent des niveaux plus élevés de rejet des aliments. Les études menées dans cette thèse fournissent des preuves convaincantes que l’éducation des enfants sur les règles et les normes conventionnelles dans le domaine alimentaire pourrait être une stratégie efficace pour accroître la familiarité et promouvoir l’acceptation des aliments. Enfin, les résultats de cette recherche m’ont permis de formuler des suggestions adressées aux psychologues du développement et aux professionnels de la santé publique afin de développer des initiatives éducatives pour améliorer la connaissance des enfants en matière d’alimentation et favoriser un régime alimentaire plus diversifié.

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